Les Dévergondés
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 Izzy début

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Lizzy
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Lizzy


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MessageSujet: Izzy début   Izzy début Icon_minitimeMer 25 Avr - 23:04

j'ai pas tout retrouvé! mon disque dur est un vrai fouillis Embarassed

Izzy est une Jeune femme de 21 ans.  Du haut de son mètre soixante-quinze, elle a pour rôle de protéger au mieux la reine de son pays. Pour ce faire, elle cache sa féminité et est considérée comme un homme auprès de la garde rapprochée de sa majesté. Cette dernière a été mariée au roi Charles dès son plus jeune âge. De cette union naquit deux garçons. Son mari fut assassiné lors d’un combat opposant son pays à un autre, souhaitant l’envahir. Si l’ennemi fut repoussé, il n’en resta pas moins que cette perte fragilisa le pays. Depuis cette tragédie, la reine Eléa est convoitée par tous les Seigneurs des pays alentours. Si le fait qu’elle soit l’héritière d’une terre importante et abondante attire irrémédiablement la convoitise des dirigeants des pays avoisinants, c’est sans nul doute sa beauté, sa prestance et son jeune âge qui en font une cible tant briguée.
Féilis est un pays situé entre la mer et la montagne. Son système de défense et son autonomie sont considérés comme un atout en cas d’attaque extérieur. Ses marchands et ses agriculteurs avaient fait de la capitale une des villes les plus animées du pays. Les habitants de la montagne s’occupaient des métiers de la pierre, de l’élevage montagnard, de la chasse… et leurs marchands descendaient  4 fois par mois à la capitale pour vendre pierres de construction, viandes bovine et ovine, fourrure, peaux, gibier, lait, fromages et fruits, laine, bois, herbes médicinales… Les habitants de la campagne cultivaient les céréales, les légumes, les arbres fruitiers, élevaient la volaille, les vaches, chevaux, lapins…  Les habitants des villes tenaient des magasins, des restaurants, des échoppes, des théâtres… Les gens de ce territoire vivaient bien, les impôts étant faibles. Lors des fêtes au château, les habitants venaient de partout et apportaient ce qu’il fallait pour les repas et les festivités. Et chacun pouvait y participer.
 
            Mais malgré le bonheur qui persistait, les menaces répétées sur la Reine avaient poussé Izzy à recruter et à former d’avantages de soldats. L’appel qu’elle avait lancé avait porté ces fruits : un enfant par famille était venu. Qu’il soit fille ou garçon, ils étaient venus apprendre à défendre leur terre. Les garçons de la garde rapprochée se moquèrent des filles aux frêles épaules, mais Izzy leur lança un regard noir et ils se turent.
-          Mesdemoiselles, Messieurs, merci d’être venu. Comme vous le savez, notre terre est de plus en plus attaquée et il nous faut la défendre. Nous allons vous former à tout pendant un mois puis vous serrez formés plus spécifiquement sur un métier d’arme qui vous convient. Messieurs, Sire Marc vous guidera avec l’aide de 5 autres commandants. Mesdemoiselles, je me chargerais de superviser personnellement de votre formation. (un murmure se répandit dans la foule des recrues)Les cinq autres capitaines que vous voyez derrière moi seront vos formateurs.
Il y eut un moment de surprise sur les visages des formateurs, qui se tournèrent vers la jeune femme. Mais le sien, résolut, fit taire tout le monde. Elle sépara les femmes des hommes, expliqua rapidement à Marc ce qu’elle attendait de lui et emmena le groupe de femmes hors du camp. Un autre avait été bâti spécialement pour elles, avec des bâtiments semblables à ceux des hommes.
-          Martin va vous attribuer vos chambres ou vous serez par 3. Quand vous serez installé, je veux vous voir en tenue de combat au réfectoire. Vous avez  2 heures.
A l’heure indiquée, elle les retrouva au réfectoire. Le repas fut servit et, avant de le commencer, elle réclama le silence. Quand il fut acquit, elle fit son discours :
-          Mesdemoiselles, je vous remercie d’être venues. Pendant votre premier mois de formation, vous pourrez partir à tout moment. Passé ce délai, je considérerais tout départ comme une désertion et la sentence sera pire que la mort ! (elle laissa un court silence pour appuyer son propos) Il me semble important de vous rappeler que la formation de soldat est longue et difficile, en particulier pour une femme. Mais je crois en votre potentiel et il est évident pour moi que vous pourrez être aussi compétente que les hommes, voir plus. Je mets beaucoup d’espoir en vous.
Elle sonda l’assemblée puis reprit :
-           Les femmes ont une force que les hommes n’ont pas : elles semblent si vulnérables que nul ne les soupçonne. Il vous sera donc plus aisé de vous infiltrer, vous pourrez plus commodément entrer des armes dans les territoires ennemis. Et enfin, vous pourrez circuler comme bon vous semble, et donc nous rapporter ce que vous verrez, entendrez et trouverez ! A partir de demain, nous commencerons ! Passez une bonne après-midi et une bonne nuit. Réveil, 5h30. Bon appétit !
Elle quitta le réfectoire et se dirigea vers celui des hommes.
-          Bonjour messieurs ! J’espère que le repas est à votre convenance. Je vous dirais la même chose qu’aux femmes : lors de votre premier mois de formation, vous pourrez partir à tout moment. Au delà, je considérerais tout départ comme une désertion ! Vous connaissez les sanctions. (elle scruta ses auditeurs) Il me semble important de vous rappeler que la formation de soldat est longue et difficile et fera de vous des soldats durs et robustes. Cependant, je ne compte pas faire de vous des hommes sans âmes : vous ne tuerez que si vous ne pouvez faire autrement, vous épargnerez les femmes et les enfants, ils sont l’avenir du monde. Vous ne torturerez qu’en ma présence et selon mes directives ! Quand à ce qui se passera entre vous, essayez de vous entendre. Si vous avez du mal avec quelqu’un, venez en parler à mon second, Marc, il fera la justice dans vos conflits et s’il pense qu’une sanction doit être donnée, il a mon consentement. Dans un mois, quand vous aurez choisit votre spécialisation, les groupes deviendront mixtes.
Un bruit de fond se fit entendre. Le visage d’Izzy et des Capitaines se fit plus dur. Le calme revint quasi immédiatement.
-           Ne sous-estimez pas les femmes, elles vous montreront qu’elles sont vos égales. Voilà, finissez votre repas, profitez de votre après-midi, reposez-vous et rendez-vous demain matin, 5h30.
Elle rejoignit la table des officiers en passant par l’allée centrale ou elle entendit toutes sortes de murmures. Elle s’assit au milieu des formateurs.
-          Tiens Izzy, ton plateau repas ! (elle lança un regard noir à Loïc) Excuses moi. Ton plateau repas, Troy !
-          Rappelez-vous, vous seuls savez que je suis une femme ! Vous et la Reine ! Je ne tiens pas à ce que ça s’ébruite, surtout pas devant de jeunes recrues ! Entre nous et à la table de sa Majesté, pas de soucis, mais en dehors, je suis Troy, votre supérieur. (elle prit son verre et le leva, comme pour porter un toast) cela dit, bon appétit messieurs!
-          Bon appétit ! répondirent-ils, le sourire aux lèvres.
A chaque fois qu’elle faisait mine d’élever la voix contre eux ou qu’elle les reprenait, ils se rappelaient pourquoi elle était devenue la chef des armées, et comment elle avait atteint ce poste. Voici son histoire !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CHAPITRE 01
 
Alors âgée de 10 ans, ces parents avaient trouvé la mort lors d’une attaque de leur convoi. Les voleurs avaient pris les 200 kilogrammes de charbon destinés à être livrés au roi du pays jouxtant Féilis. Ils étaient partis, ses parents et elle, sur les routes le matin précédant. Le trajet s’était déroulé sans encombre toute la journée, et la nuit avait était paisible. Ils repartirent le matin et s’arrêtèrent pour pique-niquer vers midi. Sa mère lavait les ustensiles de cuisines qui des bruits de sabots et des cris les alertèrent.
-          Cours Izzy ! Cours te cacher ! Hurla son père.
La jeune fille s’exécuta et se tapit dans un fourré, non loin, à l’abri des regards. Elle assista au massacre, se bâillonnant de ses mains pour retenir ses cris et ses pleurs, pour ne pas mourir avec eux. L’un des attaquants transperça le cœur de son père d’un coup de tantõ. L’homme vacilla, tomba sur ces genoux, porta une main à la plaie et la regarda, pleine de sang. Son regard apeuré se tourna vers sa femme qui hurlait et il la vit subir le même sort. Sentant sa vie lui échapper, il chercha des yeux sa fille et, devinant qu’elle se terrait dans le bosquet, lui adressa un dernier « je t’aime » avant de basculer en avant, mort. Il fut suivit dans le trépas par son épouse. Les voleurs transvasèrent le charbon dans des tonneaux qu’ils chargèrent dans différentes charrettes. L’un d’entre eux fouilla les sacs et prit le peu d’argent qu’il trouva. Une demi-heure après, ils quittèrent les lieux. La petite fille sanglota silencieusement pendant des heures. Quand enfin elle sortit de sa cachette, elle était résolue à ramener les corps. Elle prit la pelle qui servait à charger et décharger le charbon et commença à creuser la terre qu’elle chargea dans la carriole. Elle l’étala de façon à en faire un lit solide et régulier puis elle y déposa, non sans mal, les corps de ses parents. Elle ramassa ensuite les ustensiles de cuisine qui avait été dispersé et abimé, les mit dans le sac prévu à cet effet et le plaça à coté des corps. Elle couvrit le tout de la bâche qui protégeait le charbon et, alors qu’elle s’inquiétait de savoir comment repartir, le cheval de son père arriva au pas, la tête baissée.
-          Altor ! s’exclama-t-elle, ravie de la voir vivant.
Elle l’avait vu s’enfuir lorsque les brigands étaient arrivés. Ils se firent des caresses, contents de se retrouver. Après cet intermède, l’étalon s’écarta de sa nouvelle maîtresse et se plaça entre les bras de la charrette. Elle l’harnacha, monta à la place conducteur, saisit les rênes et tira légèrement dessus pour lui indiquer le départ. Elle n’eut pas besoin de le diriger, il prit immédiatement le chemin du retour. Ils s’arrêtèrent tard, après avoir franchit la frontière. Ils se rafraîchirent, se désaltérèrent et mangèrent un peu du pain qui n’avait pas été volé.
-          Nous dormiront ici ce soir. Nous sommes tous les deux épuisés. Nous reprendrons la route demain. Bonne nuit Altor !
Un hennissement lui répondit. Elle sourit et s’endormit. Mais sa nuit fut agitée de cauchemars ou elle revivait les scènes de la veille. A l’aube ils repartirent et atteignirent le village quelques heures plus tard. Les premiers villageois qu’ils croisèrent les regardèrent avec surprise et la curiosité les poussa à cesser leurs activités pour les suivre jusqu’au cottage leur appartenant. Quand Altor s’immobilisa, Izzy descendit de sa place, regarda vaguement les habitants et retira la bâche. La vision qu’ils eurent les saisit d’horreur : les corps étaient ensanglantés mais leur position allongée, les bras croisés sur la poitrine et les yeux clos auraient pu laisser supposer qu’ils dormaient paisiblement.
Une femme courut chercher le curé. Ils revinrent hâtivement. Quand il vit les corps, il se signa. La femme qui l’accompagnait avait envoyé son fils prévenir le parrain de l’enfant de son retour. Les deux hommes arrivèrent à bride abattue. Le comte Dirgo descendit de sa monture, tendit les rênes au jeune homme et courut rejoindre sa filleule qui, lorsqu’elle l’aperçu, se jeta dans ses bras et pleura. Il la souleva et la porta dans la cuisine après avoir donné les clefs au curé qui avait ouvert la maison. Il s’assit sur le banc, la plaça sur ses genoux et la laissa s’épancher tout en la serrant contre lui et la cajolant. Pendant les 20 minutes que cela dura, personne n’osa les interrompre, bien que tous souhaitent connaître le récit des évènements. Quand enfin l’enfant cessa de pleurer, se redressa, plongea ses yeux dans ceux de son protecteur et lui dit « j’ai tout vu », tous se turent pour l’écouter. Les hommes baissèrent la tête, les femmes se couvrirent la bouche de leurs mains pour étouffer leurs exclamations quand elle décrivit le massacre de ses parents. Certains pleurèrent quand elle narra ce qu’elle avait fait pour ramener les corps. Quand elle eut terminée, elle était vidée, lasse. Le comte se leva, la tenant toujours dans ses bras puissants, et la coucha sur le canapé. Il la couvrit d’une couverture et resta avec elle le temps qu’elle s’endorme. Rapidement il sortit et demanda aux villageois si quelques-uns accepteraient de rendre les corps plus présentables pour les enterrer avec dignité. Ce qui fut fait. Le soir même, ils furent mis dans des cercueils et mis en terre. Izzy ne pleura pas ! La tristesse laissait peu à peu la colère prendre le dessus et chacun de ceux qui étaient là s’en aperçu.
Après la cérémonie, la fillette et le comte retournèrent au cottage, seuls. Ils prirent quelques affaires, fermèrent à clef la grosse porte, montèrent en selle et partirent au château du protecteur. Une fois arrivé, le maître donna ses ordres pour le repas et la préparation d’une chambre. Izzy posa ses valises dans sa nouvelle chambre. Elle était grande, joliment décorée, avec des meubles finement ouvragés. Elle comportait un grand lit à baldaquin, une grande armoire, un bureau et une salle de bains. Un parquet au sol recouvert au niveau du lit d’un immense tapis, des moulures au plafond et au dessus de la cheminée. On lui prépara un bain et elle s’y prélassa. Se sentant revigorée, elle s’habilla et descendit rejoindre son tuteur dans la salle à manger. Le repas se fit en silence. D’ailleurs, depuis son récit, l’enfant n’avait pas dit un mot. Elle finit sa soupe et regarda intensément l’homme qui lui faisait face. Il le sentit mais finit néanmoins son potage avant de lui demander :
-          Veux-tu autre chose avant le dessert ?
Elle répondit par la négative dans un mouvement de tête. Quand le dessert arriva, il reprit :
-          J’ai prit des dispositions pour le cottage. Jusqu’à ce que tu sois en âge de vivre seule, je m’en occuperais. Il te reviendra de droit. Jusque là, tu resteras ici, avec moi, pour continuer l’éducation que te donnaient tes parents. A celle-ci s’ajoutera l’apprentissage du à mon rang : comment se tenir dans la haute société. Il te faudra me suivre, et pour cela, tu dois savoir comment te comporter. (elle inclina la tête en signe assentiment) Pour ce qui est des meurtriers de tes parents, j’en informerais dès demain notre souverain et celui du pays dans lequel ils ont péris, afin que justice vous soit rendue !
-          Je me plierais à toutes vos exigences. En échange, je veux apprendre à me servir des armes !
Le comte paru surprit puis il fronça les sourcils.
-          Tu es une fille.je ne vois pas en quoi l’apprentissage du maniement des armes pourrait te servir !
-          Je veux reprendre le commerce de mes parents. Et au vu de ce qu’il leur est arrivé, je pense qu’il sera nécessaire que je sache me défendre.
Bien qu’il ne soit pas convaincu par son argumentation et qu’il sentit le besoin évidant de vengeance de sa tutelle, il céda. Son maître d’arme s’occuperait d’elle. Pendant 5 ans la jeune fille grandit à l’écart du grand monde. Elle montra de l’acharnement dans tout ce qu’elle  entreprenait. Au vu de ses résultats, il fut décidé que pour son quinzième anniversaire, elle pourrait paraître auprès de son parrain.
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MessageSujet: Re: Izzy début   Izzy début Icon_minitimeVen 14 Juin - 23:12

j'ai changé le texte initial^^
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MessageSujet: Re: Izzy début   Izzy début Icon_minitimeJeu 20 Juin - 13:36

CHAPITRE 02
 
Le jour même de son anniversaire, une nouvelle rencontre changea sa vie. Son tuteur, invité au palais, avait décidé qu’il était grand temps pour elle de mettre à profit tous ce qu’elle avait engrangé pour paraître dans l’univers qu’il affectionnait. Pour le bal donné par les suzerains, le comte l’avait accompagné faire les boutiques afin d’acheter une robe. Comme elle conservait un esprit de simplicité, ils portèrent leur choix sur une robe sans fanfreluche : longue et d’un seul tenant, avec de fines bretelles, sa couleur turquoise illuminait son teint. Elle ne lui collait pas à la peau mais laissait toutefois deviner ses formes. Avec la robe, elle harmonisa un ruban qu’elle ajouta à son chignon et qui lui permit de le tenir. Ils firent une entrée remarquée tant elle était belle et sensuelle, malgré son jeune âge. Les femmes se mirent à chuchoter sur son passage, et les hommes la déshabillèrent du regard. Si cela la mit mal à l’aise, elle n’en montra rien, regardant droit devant elle. Son tuteur cependant s’en aperçu, sa main serrant un peu plus fort son bras. Il arrêta leurs pas au niveau d’un couple d’amis avec qui ils discutèrent jusqu’au moment où le bâton de l’annonceur frappa par 3 fois le sol dallé :
-          Leurs Majestés : le Roi et la Reine ! clama-t-il.
Tous les regards se tournèrent vers l’entrée de la salle. Et quand le couple royal en franchit le seuil, tous s’inclinèrent, formant de part et d’autre de l’allée, une haie d’honneur. Il marcha lentement, jusqu’aux trônes. La reine, alors âgée de 17 ans, marqua un bref temps d’arrêt au niveau d’Izzy avant de repartir avec son mari. Cela ne passa pas inaperçu : le roi et tous ceux qui étaient autour de la jeune fille à cet instant tiquèrent.
-          Que la fête commence ! tonna le roi une fois confortablement assit.
Le chef d’orchestre s’anima et la musique emplit la pièce. Les gens se redressèrent, les conversations reprirent et les danses démarrèrent. Au bout de quelques minutes, un autre couple d’amis du comte fit son apparition à leurs côtés :
-          Alors Izzy, comment allez-vous depuis notre dernière entrevue ?
-          Bien merci ! Mon oncle (c’est ainsi qu’elle appelait son parrain) m’a informé de votre souhait de m’inviter à boire le thé samedi en huit. C’est avec grand plaisir que je viendrais.
-          Qu’ouïs-je ? Vous avez prévu de recevoir cette demoiselle à boire le thé et vous ne m’avez point invité ?
Les deux jeunes femmes ne l’avaient pas entendue s’approcher et sursautèrent. Elles s’empressèrent de s’incliner.
-          Allons, relevez-vous mesdames! Alors Laurine, d’habitude vous pensez à moi pour ce genre de réunion. Vouliez-vous garder cette jeune demoiselle juste pour vous ?
-          Non Majesté ! Ce n’est pas un oubli de ma part ! j’ai entendu dire que vous seriez très occupée en fin de semaine et je ne voulais pas vous importuner.
-          Voyons mon amie, sachez que vous ne m’importunez nullement lorsqu’il s’agit de boire le thé. Et l’on vous aura mal informé, je serais très occupée en début de semaine !
-          Dans ce cas, veuillez me pardonner et acceptez de vous joindre à nous samedi après-midi !
-          Avec plaisir ! Me ferez-vous l’honneur de me présenter à votre jeune amie ?
-          Bien sur ! (s’empressa-t-elle de répondre) Majesté, voici Izzy, la filleule du comte Dirgo !
-          Vraiment ? j’ignorais qu’il en eut une ! Quel âge avez-vous jeune fille ?
-          15 ans Majesté !
Elle s’inclina légèrement, se redressa et lui offrit son plus beau sourire. La reine la détailla des pieds à la tête et lui rendit son sourire.
-          Le choix de votre robe est tout-à-fait raffiné. Et en dit long sur votre caractère. (le roi l’appela) nous nous verrons donc samedi chez Laurine ! Amusez-vous bien.
Elle s’éloigna pour rejoindre son époux et la conversation qu’il entretenait avec un duc.
-          Quel âge à la reine ?
-          Elle aura 18 ans dans deux mois. Pourquoi cette question ?
-          Je la trouve très sur d’elle.
-          Vous avez raison. Même si elle est encore très jeune, elle sait se tenir selon son rang. Elle a un charisme et une volonté que l’on est en droit d’attendre chez une personne de son statut ! Cela ne fait qu’un an qu’elle est reine, et elle a su se faire accepter de tous, malgré la jalousie que certaines grandes dames lui vouent.
-          Je vous demande pardon ?
-          Et oui, certaines lui envie sa place !
-          Pourquoi cela ?
Son interlocutrice fut surprit de la question. Mais devant le sérieux qu’elle affichait, elle répondit :
-          Le prestige ma chère ! le prestige et la richesse !
-          Que valent le prestige et la richesse lorsque l’on voit le travail qu’elle doit accomplir ? être gentille avec tous, y compris celles qui voudraient sa place ; Essayer de trouver des solutions à des problèmes, répondre aux besoins de chacun sans desservir les intérêts des autres et quelque soit leur condition sociale, et j’en passe….Je ne l’envie pas le moins du monde !
Laurine la regarda, visiblement interloquée puis se ressaisit :
-          Votre raisonnement est pertinent ! j’avoue être agréablement surprise ! Malgré votre âge, vous analysez parfaitement la situation. Mais sachez que beaucoup de femmes refusent de voir ces aspects. Elles ne perçoivent que les festivités et le confort !
-          Ces femmes dont vous parlez manquent totalement de bon sens ! J’espère n’avoir jamais affaire à ce genre de personne !
-          Ah ah ah ! vous êtes encore jeune, mais vous apprendrez bien vite qu’il faut s’en accommoder parce qu’elles peuvent vous apprendre des choses qui vous serviront plus tard.
L’adolescente réfléchit :
-          Vous avez probablement raison !
Elles devisèrent encore jusqu’à ce que l’orchestre entonne la musique du couple royal. Ce dernier se mit en piste et valsa. Petit-à-petit les convives les rejoignirent. Le comte accorda les deux premières danses à sa filleule puis les autres à de grandes dames de la cour. La jeune fille ne fut pas laissée en reste : un grand nombre d’hommes, jeunes ou vieux l’invitèrent. Elle accepta toutes les danses avec grand plaisir. Trois heures plus tard, son parrain demanda de faire venir sa voiture et ils se retirèrent. Pendant toute la soirée, le regard de la reine avait croisé à plusieurs reprises celui de l’adolescente, lui souriant avec bienveillance. Cela n’avait pas échappé au comte qui, fier de cette entente, avait félicité sa filleule d’être dans les bonnes grâces de sa majesté.


 
La semaine qui suivit se passa comme à l’accoutumée, à une exception près : les pensées de la jeune fille n’étaient pas tournées vers sa vengeance mais vers la châtelaine. Elles s’étaient plu mutuellement, à n’en pas douter. Mais si le respect prédominait dans les sentiments d’Izzy envers la suzeraine, il n’en restait pas moins que son imagination se perdait quelque peu dans des idées irrévérencieuses : elle trouvait que la reine appelait aux désirs de la chair. Elle était d’une grande beauté, d’une élégance sans pareil. Chacun de ses gestes étaient empreints de sensualité : sa démarche, sa manière de saluer, son sourire… rien n’était forcé, tout était inné. Rien à voir avec les leçons dont on la martelait, sur le maintien en société. Elle devait bien le reconnaître : jamais encore personne ne l’avait fascinée à ce point. L’attente jusqu’au samedi lui parut interminable tant elle avait hâte de la revoir.
            Quand le jour j arriva enfin, elle se réveilla aux aurores. L’excitation l’avait emportée sur le sommeil. Elle se leva sans bruit et s’accouda à la fenêtre pour admirer le paysage. Elle ne vit pas très loin, la nuit s’échappant à peine. Au bout de cinq minutes, elle se redressa, enfila sa tenue équestre et descendit l’escalier sans un bruit. Passant devant les cuisines, elle chaparda un morceau de pain et se rendit aux écuries. Tous les chevaux levèrent la tête quand elle y pénétra. Altor, âgé de 11 ans, hennit de bonheur en la reconnaissant. Elle lui donna un bout de pain puis entra dans son box. Elle lui caressa le toupet, le front, le chanfrein, le bout du nez, le sortit et le bichonna : brosse, foin et cure-pied. Au bout d’une demi-heure, elle le sella. Ils partirent au pas, puis au trot et au galop. Altor était heureux : l’air ambrée de la rosée lui chatouillait les naseaux. Après un long moment, ils s’arrêtèrent près du ruisseau pour se désaltérer. Pendant que l’étalon broutait, l’adolescente contempla les alentours.
Le printemps avait commencé depuis quatre semaines mais la neige persistait en haut des montagnes les plus élevées. Elle était d’un blanc éclatant et semblait avoir été saupoudrée sur la cime, comme du sucre glace sur une pièce montée. Devant ses grand sommets, d’autres montagnes, moins hautes, se recouvrait de landes, pins et sapins en haut et de chênes, charmes et pelouse en bas. Le soleil qui sortait, les éclairait par endroit, donnant un bel effet d’ombre et de lumière. Sur les collines et les plaines, les feuillus avaient bourgeonnés, les fleurs émergeaient, embaumant l’air de leurs parfums sucrés. La rivière et les ruisseaux avaient dégelés et le bruit de l’eau les apaisaient. Elle ferma les yeux, emplit de ces images et écouta les bruits environnants : le murmure du vent, le clapotis de l’eau et le chant des oiseaux.
Après une bonne demi-heure à se prélasser, elle remonta en selle et ils rentrèrent. Arrivés à l’écurie, le palefrenier prit les rênes et s’occupa du cheval. La jeune femme se rendit aux cuisines :
-          Bonjour mademoiselle ! Que prendrez-vous ce matin ?
-          Comme d’habitude maître Clément. Mon oncle est-il levé ?
-          Oui, il vous attend dans la salle à manger.
-          Bien ! dans ce cas, je prendrais mon petit-déjeuner là-bas.
Elle entra dans la grande salle et embrassa son tuteur qui lisait une lettre. Il releva la tête et la fixa sévèrement.
-          Tu es encore partit te promener sans prévenir personne, n’est-ce pas ? Ta servante a paniqué en ne te voyant pas à son réveil.
-          Je m’excuserais ! mais au vu de l’heure à laquelle je suis partie, je ne pouvais décemment pas la réveiller.
-          Attention Izzy, tu recommences ! N’oublie pas ton rang ! Elle est à ton service. J’aimerais ne pas avoir à la gérer.
-          Ne vous inquiétez pas mon oncle. Je lui parlerais.
Pendant qu’elle mangeait, ils parlèrent du week-end qui se profilait. Cet après-midi la jeune fille avait rendez-vous chez Laurine pour le thé. La présence de la reine sous-entendait que la jeune fille ne pourrait rentrer qu’en début de soirée. Le dimanche, ils iraient à la messe le matin et déjeuneraient au bord du lac. Après avoir finit, elle monta les marches quatre à quatre et entra dans sa chambre. Elle y trouva Marie, sa servante, entrain de terminer le lit. Elle était de deux ans son aîné et travaillait au château depuis un an déjà. Elle se retourna et la regarda, paniquée :
-          Mademoiselle, vous allez bien ? vous n’avez rien ?
-          Tout va pour le mieux, je te remercie de t’en inquiéter. Je suis partit à l’aube sortir Altor, étant donné que je n’aurais guère le temps de le faire cet après-midi !
-          J’aurais aimé que vous me préveniez. Je vous ai cherché partout et le comte avait l’air plus que mécontent de moi !
Un rire clair échappa à la jeune fille. Et devant le regard en biais de sa suivante, elle s’arrêta :
-          Ton agitation lui a mis la puce à l’oreille. Ce n’est pas ton comportement qui l’a mis de mauvais poil ! c’est de savoir que je t’avais fait faux bond ! il pense qu’à chaque fois que je fais quelque chose, il faut que je t’en tienne informé.
-          Il a raison ! je serais plus tranquille de savoir ou vous êtes et ce que vous faites.
-          Allons Marie, je n’allais pas te réveiller à l’aube ? tu t’es déjà couchée très tard à cause des préparations pour tout à l’heure. Mais je promets de te laisser un mot la prochaine fois que je pars.
La domestique fronça les sourcils, fit la moue avant de lui adresser un sourire et de lui tendre la main :
-          C’est d’accord !
Elles scellèrent leur entente par une poignée de mains.
 
            Le château des Nordel étant à deux heures de route, elles partirent avec la voiture à 14 heures. Le chauffeur les déposa un peu après 16 heures. Un valet vint leur ouvrir la porte :
-          Ma maîtresse s’excuse de ne pas pouvoir vous accueillir de visu, mais l’arrivée prochaine de la reine l’accapare. Elle vous demande de la rejoindre dans le jardin.
-          Bien. Marie, allons-y !
Elles avancèrent dans l’allée fleurit et rejoignirent leur hôte sur la terrasse :
-          Bonjour Laurine ! comment allez-vous ?
-          Un peu stressée mais ça va, merci !
-          Je voulais vous remercier de votre invitation.
-          Oh ! je vous en prie, c’est toujours avec plaisir que je bois le thé en votre compagnie. Profitez du jardin le temps que je finisse de contrôler les préparatifs.
-          Merci ! je laisse Marie à votre disposition si besoin est.
-          Je te remercie, mais nous avons presque terminé.
Les deux femmes partirent se promener vers le petit plan d’eau, et très vite Marie demanda à revenir sur la terrasse.
-          Vas-y et taches de te reposer un peu. Je vais me visiter ce petit bois et je te rejoins.
-          N’oubliez pas que la Reine ne va pas tarder. Ne perdez pas la notion du temps pendant que vous marcherez.
-          Ah ah ah ! Ne t’inquiètes pas, je serais à l’heure.
Elle pénétra dans la bois et bientôt les bruits environnant l’encerclèrent : le vent dans les branches des arbres, le minuscule cours d’eau, le chant des oiseaux. Puis ses pas dans les feuilles ou sur des racines. Un quart d’heure après son entrée, elle entendit un son tout à fait inhabituel pour un tel lieu : des hennissements de terreur. Elle chercha d’où ils pouvaient provenir et, relevant le bas de sa robe, elle se mit à courir dans leur direction. Malheureusement sa tenue s’agrippa à des ronces et, en tirant dessus, elle en arracha un bout. Cela ne la gêna pas, trop angoissée de connaitre la raison de ses cris de peur. Elle déboucha rapidement sur une clairière ou un magnifique pur sang cognait des sabots sur le sol, tentant vainement de se débarrasser des barbelés qui les emprisonnaient les membres antérieurs. L’effet escompté était inversé. Quand il l’aperçu, il chercha à fuir mais tomba. Il s’allongea sur le coté, épuisé de ses efforts. Izzy se mit à lui parler et à s’approcher, lentement. Son ton calma l’animal et elle put lui caresser l’épaule, les cotes et le flanc. Elle observa les fils et après avoir trouvé comment les démêler, elle déchira le bas de sa robe en deux et en enroula chacune de ses mains. Elle prit les barbelés, les écarta délicatement pour ne pas déchirer d’avantage les chairs de la jument. Et pendant tout le temps ou elle opérait, elle lui parlait pour la rassurer. Quand elle l’eut dégagé entièrement, elle s’écarta pour laisser la bête se relever. Une fois debout, le pur-sang s’éloigna et, quand il jugea la distance convenable, il se retourna et considéra sa sauveuse. Ils se défièrent un moment puis la demoiselle avança d’un pas dans sa direction, sans le quitter des yeux. La créature fit le même pas, mais en marche arrière. Elles recommencèrent deux fois.
-          Ah, d’accord ! tu ne tiens pas à ce que la distance qui nous sépare soit réduite. Très bien. Je vais devoir te laisser, je crains d’être déjà en retard pour saluer l’arrivée de la reine. Prends soin de toi !
Elle ramassa les barbelés et reprit la direction du château. Il ne fallait pas que l’incident puisse se reproduire. Elle demanderait à un serviteur de s’en débarrasser. Perdue dans ses pensées, elle ne décela pas tout de suite que la jument la suivait, à une distance raisonnable. Cela la fit sourire. Quand elles arrivèrent à l’entrée du bois, l’animal s’arrêta et la regarda s’éloigner. Izzy la salua de la main et se dirigea vers les écuries. Marie, qui visiblement la guettait, courut à sa rencontre. Le groupe de femmes se tourna en la voyant partir et distingua sa maîtresse  La reine, qui était finalement parvenue à destination, se dirigea également vers elle, suivit par les autres. Quand la servante arriva à sa hauteur et vit des mains couvertes de chiffons ensanglantés et la détailla sous tous les angles et vit les dégâts : robe déchirée sur le bas, accrochée à certains endroits, pleine de terre, de feuilles et de sang ; ses chaussures, égales à la robe ; ses mains, enroulées dans un tissus imbibé d’hémoglobines tenant toujours les barbelés; ses cheveux fuyants manifestement un chignon autrefois parfait ; son visage rougit par l’effort ou perlaient quelques gouttes de sueur. L’expression de Marie, au préalable inquiète, passa à l’horreur. Ce qui provoqua un éclat de rire de sa maîtresse. La suivante fut alors complètement paniquée : La jeune fille aurait-elle perdue l’esprit ? Elle sentit une présence dans son dos et pivota. La reine s’arrêta à sa hauteur. Izzy reprit son calme et s’inclina :
-          Bonjour majesté ! que la Reine excuse mon accoutrement, j’ai eu un imprévu pendant ma balade.
-          Relevez-vous ! Que vous-est-il donc arrivé ?
Le visage de Marie s’empourpra de honte pour sa maîtresse  Devant le regard insistant de l’assemblée, la demoiselle inspecta sa tenue.
-          OH ! Je n’avais pas vu l’étendu des ravages. Je suis venue en aide à une jument prise dans ses barbelés.
Elle montra l’objet du délit.
-          Je pensais les donner au palefrenier pour qu’il s’en débarrasse et me changer avant de vous rejoindre pour le thé.
-          Dans ce cas, allez-y, vous nous raconterez votre exploit ensuite. Laurine, il serait peut être judicieux de mettre une chambre à disposition pour cette jeune fille afin qu’elle puisse se rafraîchir, se soigner les mains et se changer !
-          Vous avez parfaitement raison votre Altesse ! je vais allez donner mes instructions. Marie, accompagnez votre patronne et assurez-vous que tout ce passe au mieux.

Il en fut fait comme convenu : le palefrenier se chargea de jeter le barbelé, une servante les conduisit à une chambre ou la demoiselle put prendre une douche. Marie soigna ses coupures et pensa ses mains. La malle contenant une robe de rechange fut amenée et Izzy l’enfila.
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MessageSujet: Re: Izzy début   Izzy début Icon_minitimeVen 26 Juil - 0:29

CHAPITRE 03

Comme la reine demandait un récit détaillé de son aventure, la jeune file jeta un coup d’œil à l’entrée du bois et y aperçu la tête de la jument. Elle narra donc les faits sous les exclamations de son auditoire. Quand elle eut fini, Laurine demanda :
- La jument devait avoir les chairs complètement déchiquetées quand vous l’avez laissé !
- C’est exact ! Je n’avais malheureusement rien sous la main et dès qu’elle a été libre, elle s’est éloignée de moi. Si quelqu’un arrive à l’approcher et à la soigner, je lui en serais extrêmement reconnaissante.
- Je suis impressionnée d’entendre à quel point vous êtes dévouée pour les êtres et les choses qui vous entourent. C’est ce genre de sentiment et de loyauté que j’aimerais voir dans tous mes sujets.
- Ma Reine, ce compliment m’honore.
Elle fit une révérence.
- Allons, relevez-vous. Maintenant que vous nous avez distraites de votre récit, profitons des plaisirs de la table que notre hôte nous offre.
Si pendant l’heure qui suivit, chaque convive, à l’exception d’Izzy, tenta de se faire bien voir auprès de leur suzeraine, cette dernière eut une préférence visible pour la plus jeune. Si elles se parlèrent peu, les regards qu’elles échangèrent en dirent long : toutes deux souhaitaient connaître d’avantage l’autre. Quand Laurine proposa une promenade digestive, les deux jeunes femmes se mirent en fin de file, et se laissèrent bientôt distancer.
- Nous n’aurons guère le temps de faire véritablement connaissance, je le crains. Je pensais que nous ne serions que toute les trois, mais Laurine a tenu à me faire plaisir, c’est pourquoi grand nombre de ses amies étaient présentes. Accepteriez-vous de venir au château quelques jours pour que nous nous découvrions d’avantage ?
- Ce serait un honneur Madame ! Je ne peux malheureusement pas vous donner de réponse aujourd’hui. Je suis encore sous la tutelle du comte Dirgo et il me faut son aval.
- Je comprends ! je ne doute pas cependant qu’il vous le donnera. Vous ne le savez peut-être pas mais mon mari et lui son de très bons amis et, venir à la cour est prisée par bon nombre de jeunes filles.
- Ne vous offusquez pas de ce que je vais vous dire, votre Altesse, mais je ne fais pas partie de ce genre de jeunes filles.
- Je ne m’offusque pas, rassurez-vous ! et j’avais discerné que vous étiez bien loin des autres adolescentes de votre âge. C’est précisément ce qui me donne envie de vous côtoyer davantage. Dites au comte Dirgo que j’attends son courrier précisant les dates de votre venue.
Elles rejoignirent les autres qui les attendaient un peu plus loin et contribuèrent à la conversation visant à faire l’éloge du domaine des Nordel et à satisfaire la curiosité de la reine. Une heure après, elles retournèrent toutes sur la terrasse pour prendre des rafraîchissements et se reposer quelque peu avant le départ. Izzy avait l‘esprit ailleurs ; c’est à peine si elle entendit les conversations. Eléa le remarqua et la questionna d’un regard.
- Oh ! veuillez m’excuser si je n’écoutais pas, je m’interrogeais sur les blessures de la jument.
- Étaient-elles profondes ?
- Certaines, oui !
- Si cela vous donne tant de soucis, pourquoi ne pas rester plus longtemps pour aider le vétérinaire à la soigner ? après tout, si elle vous a laissé enlever les barbelés, c’est que vous l’avez déjà mise en confiance !
- Ce serait une excellente idée, mais je déteste m’imposer. Et je ne suis pas certaine que mon oncle apprécierait que je manque à mes leçons.
- Vous êtes la bienvenue pour rester quelques jours, si cela vous permet d’être soulager. Interrompit Laurine. Cela nous permettra de profiter l’une de l’autre plus longtemps.
- Quand à votre tuteur, poursuivit Eléa, je me charge de lui envoyer un coursier, l’informant de la prolongation de votre séjour ici suite à une demande pressante de notre hôte.
Elle adressa un clin d’œil aux deux femmes qui rirent. Elle se rapprocha de la plus jeune et murmura à son oreille :
- J’en profiterais pour joindre ma demande de vous avoir à mes cotés une semaine au château.
Elles se sourirent d’un air entendu. Laurine fit appeler l’un de ses coursiers, et demanda à une servante qu’elle apporte papiers et plume pour la Reine. Cette dernière s’installa légèrement à l’écart et rédigea sa missive. Une fois fini, elle la cacheta, la donna au transitaire, ainsi que l’adresse et le regarda partir au galop. Le temps que sa calèche soit prête pour la ramener au château, elle passa rapidement se rafraîchir dans la salle de bains et salua une à une les convives. Elle serra rapidement sa nouvelle amie dans ses bras et lui chuchota : « A très vite j’espère. »
Puis ce fut le défilé des départs, et au bout d’une demi-heure, Laurine et Izzy se retrouvèrent seules, saluant de la main la dernière convive.
- Je suis heureuse que vous soyez restée. J’ai fais appelé le vétérinaire pour demain matin. Nous pouvons donc profitez de la soirée.
- Avec plaisir !
Elles rentrèrent et s’assirent sur les canapés moelleux de la bibliothèque.
- Alors mon amie, qu’avez-vous pensé de sa Majesté ?
- Pleins de choses. J’ai d’abord été très surprise de l’aisance avec laquelle elle établie un contact. J’ai eu l’impression que c’était elle l’hôte, sans vouloir vous offenser.
- Vous ne m’offensez pas ! c’est effectivement ce qui s’est passé. Continuez !
- Elle est aussi très gentille. Je me suis tout de suite sentie en confiance, malgré le malaise que mon accoutrement aurait du susciter. Elle ne m’a pas jugée sur mon apparence, ce qui est rare dans notre monde !
- La Reine n’en a que faire. Ce qui l’intéresse, c’est la personnalité qui se cache sous les couches de vêtements et d’accessoires. Je vois que vous avez réussi à la discerner un peu. Il ne fait aucun doute que son invitation est une preuve de l’affection qu’elle vous porte.
- De l’affection ?
- Oui. Et une part de curiosité. S’il n’y avait pas eu ces deux choses, sachez que jamais elle ne vous aurait invité. C’est un grand honneur qu’elle vous fait, j’espère que vous en êtes consciente.
- Je le suis.
On frappa à la porte.
- Oui Yvette ?
- Le diner est servi.
- Très bien, nous arrivons.
Elles se levèrent, rejoignirent la salle à manger ou monsieur Nordel était déjà attablé et dînèrent. Laurine raconta à son époux leur après-midi et se dernier s’en extasia. Puis il narra à son tour sa partie de chasse et le nombre de ses prises. Quand ils eurent terminé leur dessert, ils partirent dans leurs chambres. On avait fait porter à la jeune femme une chemise de nuit et des affaires de toilettes, ainsi que des vêtements pour le lendemain. Elle demanda à la servante qui quittait sa chambre ou dormait Marie et on lui répondit :
- Dans la chambre réservée à votre domestique, à coté de la votre. Voulez-vous que j’aille la chercher pour qu’elle vous aide ?
- Non merci, je vais me débrouiller toute seule. Vous pouvez disposer.
- Bien madame !
Une fois seule, elle se changea, coiffa ses cheveux et se coucha. Le sommeil la gagna rapidement et fut ponctué de rêves sur la reine, la jument, ses hôtes, son tuteur, Altor… elle s’éveilla aux alentours de 8 heures, prit une douche tiède et s’habilla. Marie entra peu après pour la coiffer. Elle descendit ensuite en cuisine pour demander qu’on lui serve son petit déjeuner et s’informer du lieu de présence de ses amis.
- Ils vous attendent tous deux dans la salle à manger.
Quand elle entra, ils la saluèrent chaleureusement, la serrant dans leurs bras, en un bref câlin. Elle leur rendit avec enthousiasme. Après la collation, le mari partit s’enfermer dans son bureau, afin de traiter des affaires courantes. Laurine donna ses instructions et la demoiselle attendit le vétérinaire avec une grande impatience. Celui-ci arriva peu de temps après, et écouta la jeune fille lui raconter ce qu’elle avait vu des blessures de l’animal afin de se munir au mieux pour les soins. Ne fois sa besace pleine du nécessaire, il demanda à son interlocutrice de l’accompagner. Elle affirma et, tout deux partirent dans le petit bois. Au bout d’une vingtaine de minutes de marche, ils atteignirent la clairière ou la jument paissait tranquillement. Son odorat l’avait alerté de l’arrivée d’intrus, mais l’odeur de la jeune fille de la veille l’intrigua. Elle les laissa s’approcher jusqu’à une distance qu’elle jugea raisonnable et leva le nez de son repas pour les toiser. Elle hennit, ce qui les arrêta. Le vétérinaire fit un pas, elle recula d’un pas. Ce manège se répéta 3 fois, ce qui eut comme conséquence de faire rire Izzy. L’homme la regarda, surpris. La jument aussi.
- Veuillez m’excuser, j’ai eu le même souci hier. Et à vous voir à ma place, je n’ai pas pu m’en empêcher.
- Très spirituel, vraiment !
- Allons Docteur, ne prenez pas la mouche.
- Je n’apprécie pas que l’on se moque de moi.
- Jamais je ne me le permettrais. Je ris de la situation dans laquelle je me trouvais hier et qui se réitère aujourd’hui.
- Au lieu de rire, trouvez donc un moyen de l’approcher, que je fasse ce pour quoi je suis venu.
Devant son air bougon, elle s’arrêta mais garda son sourire, se retenant à grand peine de rire à nouveau. Ils essayèrent une bonne partie de la matinée, sans succès. Izzy pensa même que l’animal y prenait un certain plaisir. Avant midi, le médecin décida de se retirer, il avait « d’autres chats à fouetter ». La jeune fille le suivit et pendant le trajet, elle s’enquit de sa prochaine visite.
- Amadouez la déjà, je reviendrais ensuite. Du peu que nous ayons pu l’approcher, les blessures ne semblent pas profondes. Avez-vous déjà pensé un cheval ?
- Oui monsieur ! je m’occupe très souvent des soins de mon étalon.
- Parfait. Dans ce cas là, je vais vous laisser un nécessaire suffisant pour soigner les plaies superficielles. Pressez-vous tout de même de la mettre en confiance ! A trop attendre, elle risque des infections sérieuses.
- C’est entendu !
Ils arrivaient à l’orée du bois quand ils croisèrent Marie. Elle partait les chercher pour le déjeuner. Ils rejoignirent donc leurs hôtes et savourèrent un délicieux rôti de veau accompagné de petits légumes de saison et d’un succulent vin rouge. Des fruits frais vinrent compléter ce met. Sitôt le café finit, le vétérinaire repartit.
- Qu’avez-vous prévu pour cet après-midi Izzy ?
- Je souhaiterais retourner voir la jument. L’apprivoiser risque de me prendre du temps.
- Très bien ! cependant, essayez de ne pas rentrer trop tard, nous avons des invités ce soir.
- Oh ! je laisse donc Marie à votre disposition. A quelle heure doivent-ils arriver ?
- Pour 19 heures.
- Dans ce cas, je rentrerais pour 17 heures 30. Il ne faudrait pas que l’on m’aperçoit une fois de plus toute dépenaillée !
Ils rirent, se remémorant la veille. Puis elle s’excusa et quitta la table. Elle courut pour gagner du temps et ralentit quelques mètres seulement avant l’entrée de la clairière. La jument avait levée la tête et la fixait. Il ne faisait aucun doute qu’elle l’avait entendu arriver de loin. Izzy ne chercha pas à l’approcher cette fois. Elle s’avança vers le milieu de la trouée, posa son sac au sol et s’assit sur un tronc d’arbre, montrant son dos à l’animal. Elle contempla ce qui l’entourait pendant de longues minutes puis ouvrit son sac et en sortit un livre. Elle s’y plongea et le lut à haute voix, tant et si bien qu’on aurait pu supposer qu’elle avait oublié sa mission. Il n’en était rien. Tout son corps était à l’écoute du moindre bruit, de la plus petite vibration du sol, d’une odeur particulière qui lui préciserait la position de la bête. La curiosité de cette dernière l’emporta. Elle s’avança d’un pas, s’arrêta pour brouter, observa le corps de l’intruse, refis un pas et se remit à manger. Elle reproduisit le même schéma jusqu’à se retrouver près de son dos. Sans se retourner, la jeune fille leva lentement sa main gauche vers son épaule et attendit. Elle resta si longtemps dans cette position qu’elle finit par avoir mal et, au moment ou elle se décidait à le baisser, les naseaux de l’animal la touchèrent. Elle ne bougea pas tout de suite, continuant sa lecture. Puis elle les caressa. La tête de la jument avança et leurs joues se collèrent. Izzy posa alors son livre mais continua à parler, gardant les mêmes intonations pour ne pas la brusquer. Elle put abaisser son bras qui la faisait souffrir et la caresser de l’autre. Mais l’heure avançait et la jeune fille devait rentrer. Elle expliqua à la jument qu’elle reviendrait. Celle-ci sembla comprendre car elle s’éloigna. La demoiselle rangea son roman, mit son sac sur son épaule, lui fit un signe de la main et repartit. Elle entendit un hennissement, se retourna, sourit à l’animal et poursuivit sa route. Elle arriva au château peu après l’heure prévue et se hâta de se laver et de se préparer. Elle descendit rejoindre ces hôtes quelques minutes avant l’arrivée des convives. La robe que lui avait prêtée Laurine fit sensation.
- Oh ! regardez mon ami comme notre demoiselle est magnifique.
- En effet ! cette robe vous sied à ravir. N’est-ce pas là ma mie la robe que je vous ai offerte au printemps ?
- C’est elle. Je me suis dit que vous ne verriez aucun inconvénient à ce qu’elle la porte.
- Aucun ombrage, je vous rassure. Attendez nous dans le salon Izzy, le temps que nous accueillions nos invités.
- Avec plaisir ! répondit-elle en faisant une petite révérence.
Les invités arrivèrent les uns à la suite des autres et la demoiselle reconnue deux amies de Laurine avec qui elle avait pu faire connaissance la veille. Elle leur parla avec plaisir et fut présenté à leurs époux. Si la robe avait plu à ses hôtes, elle plut également aux invités. Hommes et femmes la complimentèrent. Le dîner se passa au mieux, emplit d’anecdotes toutes plus drôles les unes que les autres. Izzy s’entendit for bien avec ses voisins et voisines de tables et répondit volontiers aux questions qu’on lui posait : comment allait le comte Dirgo ? Aimait-elle les études ? Quelles étaient ses matières préférées ? Jouait-elle d’un instrument ? Montait-elle à cheval ? Quels autres sports pratiquait-elle ? Que voulait-elle faire plus tard ?
Une des femmes qui était là la veille lui demanda ou en était les soins de la jument. Quelqu’un s’enquit du début de l’histoire et Laurine se fit une joie de la relater. Et la manière dont elle le fit mis en valeur sa jeune protégée au lieu de la rendre ridicule au moment de raconter l’état de ses vêtements. Si Izzy en fut soulagée, elle n’en montra rien, choisissant de la remercier dans l’intimité. Elle narra ensuite sa première réussite d’approche de l’animal et son espoir de pouvoir lui donner les soins le lendemain. On la félicita et lui souhaita bonne chance pour la suite. Après le diner, tout le monde passa au salon ou les dames conversèrent ou jouèrent du piano pendant que ces messieurs jouaient aux cartes. Puis un à un les convives se retirèrent et à minuit, tous retrouvèrent leurs lits.
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MessageSujet: Re: Izzy début   Izzy début Icon_minitimeSam 29 Mar - 23:47

On rentre dans l'histoire dés les premiers ligne. Hâte de lire la suite.... :-)
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MessageSujet: Re: Izzy début   Izzy début Icon_minitimeMar 13 Mai - 19:16

fin chapitre 3:

Le lendemain, Izzy retourna auprès de la jument qui ne mit qu’une heure pour se rapprocher. Quand la jeune fille sentit qu’elle pouvait se laisser toucher, elle sortit les bandes et les onques et soigna l’animal. Elle rentra ensuite et fit parvenir un message au vétérinaire lui expliquant l’état des blessures et ce qu’elle avait fait. Le coursier revint avec une réponse favorable et une demande de poursuite des soins. Elle le fit avec plaisir, son tuteur ne la réclamant pas et Laurine ayant prit en main de lui donner des leçons pour continuer son apprentissage. Presque tous les soirs, elle put mettre en pratique ce qu’elle avait appris, participant aux conversations, dansant quand on l’y invitait, jouant du piano et lisant des textes quand on la pressait de le faire. Au bout de deux semaines, les blessures de la jument étaient presque invisibles et l’amitié qui s’était formé entre elles était grandissante. Izzy eut le cœur déchiré quand elle annonça à sa nouvelle amie son départ. Elle lui promit de venir la voir dès qu’elle le pourrait, lui fit des caresses, et retourna au château. Elle en partit le dimanche matin et, bien qu’heureuse de retrouver le comte Dirgo, elle éprouva une certaine tristesse en quittant les Nordel qui avaient été si bons avec elle.
C’était sans compter sur le caractère affirmé de la jument. Cette dernière, en voyant partir la voiture qui reconduisait sa nouvelle amie chez elle, la suivit, à travers bois, tout en restant à bon distance. Par chance, ils firent de fréquents arrêts, ce qui lui permit de se reposer. Une fois arrivés sur le domaine du comte, elle trouva une petite clairière et si installa.
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MessageSujet: Re: Izzy début   Izzy début Icon_minitimeMar 6 Jan - 14:47

CHAPITRE 04
Le dimanche soir fut relativement calme. Le comte écouta avec attention et surprise le récit des 2 semaines d’absence de sa tutelle. Les quelques missives échangées avec les Nordel pendant ce laps de temps l’avait assuré de la bonne éducation et de l’excellente tenue en société de la jeune fille. C’est pour cela qu’il ne l’avait pas pressé de rentrer, jugeant cet éloignement comme un excellent apprentissage. Si la jeune fille n’eut de cesse de témoigner favorablement de ses hôtes, elle parla surtout de la jument. Son parrain sourit tendrement : elle avait pour les animaux cette même passion que sa mère, ne pouvant les laisser blessés, assoiffés ou affamés. Sans nul doute, les dix merveilleuses années passées avec ses parents avaient laissé des acquis, même si la jeune fille ne s’en apercevait pas. Il dut admettre que ce qui l’avait le plus surpris avait été de recevoir un courrier de la Reine Eléa, demandant expressément la venue de sa protégée au palais pour une durée indéterminée. Qu’un lien ait pu apparaitre aussi rapidement entre les deux femmes était prodigieux. Il avait immédiatement répondu par l’affirmative, demandant cependant un délai. Il n’avait pas précisé lequel ni sa durée, mais la reine avait accepté. La jeune fille grandissant, il était maintenant temps de la faire participer aux affaires familiales. Trois jours après son retour, il lui annonça que le lendemain, ils partiraient voir le contremaitre qui s’occupait des biens de ses parents. Petit à petit, il lui montrerait et lui inculquerait tout ce qu’il y a à savoir pour diriger, afin qu’elle puisse devenir l’unique maîtresse de la terre de ses parents, mais également du legs qu’il lui ferait à sa mort. En effet, n’ayant pas de descendance directe et étant le tuteur légal de la demoiselle, il en avait fait son héritière. Ils se levèrent donc à 5 heures et partirent à cheval. Une fois sur place, ils virent en premier le contremaître qui, après une série d’explications et de réponses les conduisit auprès des paysans. Izzy fut très attentive et mis un point d’honneur à saluer chaque personne qu’elle croisa. Sa grâce, sa gentillesse, son sourire, ses paroles d’encouragement lui permirent de s’attirer la sympathie de ceux qui ne la connaissaient pas enfant et de conforter les autres dans cette nature bienveillante qu’elle avait hérité de ses parents. Elle s’intéressa à tout, prit des nouvelles de ceux qu’elle côtoyait avant, s’informa sur ceux qu’elle voyait pour la première fois. Si elle n’eut que peu le loisir de les voir à l’œuvre, elle demanda à revenir pour s’imprégner du travail de chacun. Son parrain fut comblé : elle retenait à merveille son enseignement. En effet, il lui avait souvent répété que, pour juger des avantages et des inconvénients d’un métier il fallait soi-même le pratiquer quelque temps. Ils repartirent tard dans la soirée et pendant le trajet, Izzy demanda quand est-ce qu’ils reviendraient.
- Dans un premier temps, une fois la semaine prochaine. Mais d’ici un mois, je voudrais que tu y passes tout l’été. Imprègnes toi de chaque métier, pratiques le, vis avec tes employés. Ainsi tu pourras prendre des décisions justes quand le moment viendra.
- Je vous suis reconnaissante de tout ce que vous avez fait pour moi, de tout ce que vous faites encore et de tout ce que vous ferez. J’espère avoir la même clairvoyance et la même bonté que mes parents dans mes jugements et mes décisions.
- Cela s’apprend. Je serais là pour te guider.
- Comme vous l’avez toujours fait ! Merci.
Il partit au galop pour ne pas montrer à sa protégée combien ces mots le touchaient. Ils y retournèrent donc la semaine suivante.
Puis Izzy partit au palais. Le trajet lui parut court tant son esprit était agité : le lien d’amitié qu’elle avait senti grandir entre la Reine et elle était-il unilatéral ? l’avait-elle seulement imaginé ? Parviendrait-elle à se tenir correctement au palais ? Y’aurait-il des réceptions ? Et tant d’autres questions.
Le fait que la Reine en personne l’attende aux pieds des marches du palais l’impressionna et la soulagea. Une grande fierté l’envahie. On lui avait toujours dit que peu de personnes avaient ce privilège. C’était donc qu’elle n’avait pas totalement rêvé cette amitié. Bien qu’elle n’ait pas cherché à se rapprocher d’elle pour de vils et égoïstes projets, elle sentait que ce lien pourrait la faire grandir en tant que personne, lui faire découvrir une autre facette d’elle-même. Elle descendit de sa voiture, un large sourire aux lèvres.
- Izzy ! Quelle joie de vous revoir ! Avez-vous fait bon voyage ?
- Excellent, merci ! je suis également très contente de vous revoir, votre Majesté ! (elle fit la révérence)
- Relevez-vous mon amie ! venez, laissons à ces messieurs le soin de porter vos bagages jusqu’à votre chambre. La dernière fois que vous êtes venue, vous n’avez guère eut le temps de visiter. Nous allons y remédier, voulez-vous ?
- Avec grand plaisir ma Reine !
Elle monta les marches à sa suite et entra, comme lors du bal, par la grande porte du bâtiment principal. Le palais était construit comme un grand U, avec des branches écartées, comme la lettre V. L’aile droite contenait les quartiers des invités étalés sur 3 étages ; le dernier servant à stocker les linges de lits, de toilette, de table et les décorations. L’aile gauche renfermait les quartiers royaux : au rez-de-chaussée, habitait les parents du roi, au premier, le couple royal en poste,  au deuxième étage les appartements du frère et de la sœur du roi, qui venaient régulièrement, ainsi que les chambres de leurs domestiques et au dernier étage, des pièces de rangements. Au bout de cette aile, il y avait un petit bâtiment, hébergeant sur 4 niveaux aussi, les familles des domestiques attitrés aux couples royaux.
Pourquoi vous direz-vous, les parents du roi habitaient-ils avec lui ? Dans le pays  de Féilis, on ne passait pas sa vie à diriger : la loi, votée 200 ans plus tôt, voulait qu’aux 55 ans du suzerain, le vote du peuple l’autorise, ou non, à céder sa place à son fils, où à sa fille. Si le vote était négatif, il y avait alors un second vote, dans le mois qui suivait, pour savoir si le peuple souhaitait le maintien du couple en place ou si un des frères ou sœurs du premier né prendrait à son tour cette responsabilité. En 200 ans, il n’y avait eu qu’une seule fois un vote négatif, donnant le trône au second fils. La loi stipulait également que le couple transmettant le pouvoir pouvait vivre au palais, afin de former et d’aider dans son rôle le nouveau suzerain.
La reine expliqua à sa jeune invitée que les appartements royaux faisaient environ 200m². Ils étaient composés de 4 grandes chambres, d’une cuisine (pour les jours ou la reine souhaitait elle-même cuisiner quelques plats à son époux), d’une salle à manger, d’un salon, d’une bibliothèque, d’une petite salle de bal, d’une salle de musique, d’un boudoir et d’une salle de bains, en plus de celles installées dans chaque chambre. Les appartements du frère et de la sœur étaient de 85m², avec juste une petite cuisine, un salon-salle à manger, 3 chambres.
Dans le bâtiment principal, le rez-de-chaussée desservaient plusieurs pièces : le hall, où les invités attendaient qu’on les conduise, soit à la salle de bal, soit à celle de réception où avaient lieu de somptueux repas ou encore à la salle du trône pour les doléances, les félicitations, les demandes…. La justice quant à elle, était rendue dans les différents tribunaux du pays. Le roi n’intervenait qu’en cas de contestations répétées ou de non jugement. La dernière partie du rez-de-chaussée abritait l’auditorium et l’entrée de la bibliothèque la plus importante du pays ; celle-ci s’étendait sur les 4 étages de l’édifice. En dehors de la bibliothèque, le premier étage était le prolongement de l’appartement des suzerains en place : il y avait le bureau ou le roi traitait des affaires dites courantes, militaires ou des cas difficiles, le bureau du premier ministre qui aidait le roi dans ses tâches, la pièce ou la Reine recevaient ses dames de compagnies, les artistes, les scientifiques…. Et enfin, une crèche pour les futurs enfants du couple, avec des jouets, des livres, des peluches, des crayons et des papiers de différentes couleurs. Le second étage était remplit de bureaux des différents ministres. Et au dernier étage, des salles d’archives.
Izzy eut droit à la visite complète du bâtiment principal et de l’aile droite. Elle rencontra, par hasard, les beaux-parents de la reine. Ce fut un bonheur pour la jeune fille qui se rappelait quasiment chaque mot prononcé par l’ancien suzerain lors de l’enterrement de ses parents. Quelle ne fut pas sa surprise quand ce dernier, en entendant son nom, lui dit :
- Vous êtes la fille de Pierre et Marianne Lin ? La filleule du comte Dirgo ?
- Oui monseigneur !
- Comme vous avez grandi depuis notre dernière rencontre ! C’était lors de l’enterrement de vos parents. Quelle triste perte. C’étaient des gens forts bons et les comptes rendus de leurs voyages nous permettaient de mieux appréhender les relations avec nos pays voisins. Nous les regrettons beaucoup. Je suis ravi, cependant, de voir que la colère qui brillait dans vos yeux s’est envolée. Je dois avouer que mon épouse et moi avons eu peur que cela ne vous fasse entrer dans la mauvaise voie.
- Et nous sommes heureux de voir que vous êtes une jeune femme épanouie.
- Merci !
Elle ne put en dire plus, tellement ces quelques mots l’a touchaient. Ils continuèrent à dire combien ils étaient heureux que les deux femmes s’entendent et qu’ils espéraient que cet élan d’amitié serait durable et avantageux pour les 2 parties. Ils se séparèrent ensuite et elles se promenèrent dans les jardins : il y avait un grand parc où avait lieu les réceptions plein air, un mini labyrinthe, , une roseraie, un autre jardin avec des fleurs et des arbres de tous genres, mais harmonieusement répartis ; un jardin de plantes aromatiques, un d’arbres fruitiers, et enfin un grand potager qui suffisait aux besoins quotidiens des 2 couples royaux et de leurs domestiques. Au bout de ce dernier se trouvaient les bâtiments de stockage des produits et outils agricoles et les écuries. Derrière eux, s’allongeaient des parcours hippiques. Après avoir caressé quelques spécimens, les deux femmes ne furent pas mécontentes de rebrousser chemin afin de se préparer pour le dîner. Elles avaient passé des bons moments à apprendre à se connaitre à travers toutes sortes de questions, découvrant des points communs mais également quelques divergences. Cela ne fit qu’augmenter leur attachement mutuel.  Izzy fut étonnée de pouvoir séjourner dans les appartements de la sœur du roi. Elle se lava, s’habilla élégamment et fut conduite dans la salle à manger de l’appartement royal. En entrant, elle courba l’échine. Le roi s’approcha, lui prit la main droite, la fit se relever et déposa un baiser sur sa paume. Izzy en rougit. Elle ne s’attendait guère à cela. Il garda sa main dans la sienne et la guida jusqu’à sa chaise.
- Je suis ravi de vous revoir. Ma femme n’avait plus que votre nom à la bouche depuis son retour de chez les Nordel et il me tardait de faire plus amplement votre connaissance.
Il recula sa chaise, attendit qu’elle se place pour l’avancer, lui permettant ainsi de s’assoir proche de la table. La demoiselle regarda la reine, de plus en plus déconcertée. Cette dernière rit, stupéfiant encore d’avantage le visage de son amie.
- Vous vous apercevrez vite que dans nos appartements, nous faisons tout par nous-même. Cela nous permet de ne jamais oublier ce que vivent les personnes qui n’ont pas nos moyens mais surtout, d’être indépendants.
- Je trouve cela très sain !
Ce fut au couple royal d’être surpris à son tour.
- Alors Mesdames, comment s’est passé votre après-midi ?
Il servit leur invité et sa femme.
- Fort bien mon ami, fort bien ! Nous avons visité l’aile droite et le bâtiment principal, les jardins et les écuries. Et il est admirable de voir à quel point tout ce qui nous entoure émerveille au plus haut point notre jeune invitée.
- Voyez-vous ça ! êtes-vous si facilement impressionnable ?
- Impressionnable ? je ne crois pas ! Mais comment ne pas être éblouie par tant de beauté ? Peut-être vos majestés sont ici depuis trop longtemps et ne savent plus apprécier les paysages environnants.
- Eh bien, on peut dire que vous parlez franchement !
- Veuillez m’en excuser ! (elle se courba légèrement, honteuse de n’avoir pas réfléchit avant de s’exprimer)
- N’en faites rien ! Voilà une amie bien charmante que vous avez là ma Mie. Prions le ciel qu’elle garde toujours cette fraîcheur et cette verve qui manque trop à nos nobles. Elle pourrait être votre rocher.
- C’est bien ce que j’attends d’elle : me rappeler sans cesse que je ne suis pas au-dessus de tout et de tous.
Le fard qui avait pris place sur les joues d’Izzy s’amplifia. Ses hôtes aimaient sa personnalité. Contrairement à ce que ses professeurs lui avaient inculqués, la reine l’appréciait, semblait-il, pour sa liberté d’expression, sans manière, toujours directe. Si elle savait qu’en présence de la noblesse elle devait être cérémonieuse, elle acquit la certitude qu’en présence uniquement du couple royal elle pourrait être elle-même. Elle respira un grand coup, se redressa, leur sourit et entama la conversation sur les écuries. Ils parlèrent de leurs meilleures montures, de celles qui semblaient prometteuses, des vieilles bêtes…. Puis la reine demanda des nouvelles de la jument dont son invitée s’était occupée chez les Nordel. Izzy raconta avec enthousiasme les progrès qu’elle avait faits avec l’animal, l’apprivoisant suffisamment pour la soigner. Elle avait malheureusement du rentrer et espérait que l’animal avait repris suffisamment de force. La reine lui proposa alors de partir en randonnée le lendemain et elle acquiesça. Pendant le dessert, elle donna des nouvelles du Comte et informa ses amis de son été. Pour le thé, on l’invita à entrer dans le salon.
- Nous feriez-vous l’honneur de nous jouer quelques morceaux ?
- Avec plaisir !
Après les avoir enchanté de son habileté, elle regagna sa chambre ou il lui fut bien difficile de trouver le sommeil tant elle était en joie.
Le lendemain, une servante vint frapper à sa porte à 7 heures. Quand la jeune femme ouvrit, elle était déjà en tenue. Pendant que la suivante préparait un petit déjeuné, elle se coiffa. Après avoir mangé, elle se dirigea vers les écuries. On lui indiqua la jument qu’elle prendrait et elles firent connaissance. La reine arriva quelques minutes plus tard et, après s’être saluées, elles montèrent en selle. Elles s’éloignèrent des édifices au pas puis au trop et au galop. Elles chevauchèrent ensemble, suivit à distance par des gardes. La souveraine était une excellente cavalière ; et sa monture, un étalon pur-sang était bâti pour la course. Izzy montait également un pur-sang, une suiveuse, comprit-elle rapidement. En effet, elle sentit à plusieurs reprises l’animal décélérer afin de ne pas le dépasser. Si elle fut dans un premier temps ébahi, elle dû reconnaître le fabuleux travail des dresseurs. Eléa savait parfaitement ou elle voulait aller. Vers midi, elles s’arrêtèrent dans une petite clairière, au bord d’un cours d’eau. Les gardes les rejoignirent et chacun descendit de sa monture. Pendant que l’un deux s’occupait de préparer l’emplacement du repas, les deux femmes partirent un peu à l’écart.
- Combien de temps resterez-vous avec moi Izzy ?
- Vous voulez parler de cette visite ? 3 semaines, je dois rentrer ensuite me préparer pour mon apprentissage de l’été.
- Non, je parlais dans le temps.
- Je serais votre amie aussi longtemps qu’il vous plaira. Mais je ne pourrais pas être toujours présente à vos côtés. Je suis quelqu’un de très indépendant et quand j’aurais atteint ma majorité, j’espère être suffisamment forte pour reprendre le commerce de mes parents et continuer ce travail annexe qu’ils effectuaient pour vos prédécesseurs.
- Vraiment ? j’avais cru comprendre que le Comte gérait le domaine et le commerce de vos parents en plus de ses terres ?
- Il a mandaté un administrateur et se rend régulièrement sur place ; pour cela je l’en remercie. Mais ce domaine, mes parents l’avaient fait croitre pour moi et je compte mettre en pratique tous ce qu’ils m’ont légués.
- Je comprends ; et je trouve cela admirable. Mais si j’avais besoin de toi, que ferais-tu ?
- Il y a un administrateur sur mes terres, je ne compte pas le congédier en reprenant l’affaire de mes parents. Le domaine et le commerce pourront quand même fonctionner même si je ne suis pas sur place. Cependant, le sens de votre question, est-il de savoir si je serais prête à tout abandonner pour être à vos côtés ?
- Oui
- Majesté, sans vouloir vous offenser, ne croyez-vous pas que nous allons trop vite ?
La reine s’arrêta et la regarda, les sourcils légèrement froncés.
- Est-ce à dire ?
- Vous ne pouvez nier que nous nous côtoyons depuis peu, et presque toujours dans un cadre où d’autres personnes étaient présentes. Nous n’avons pas encore vraiment parlé, ni appris à bien nous cerner. Par exemple, je n’ai toujours pas découvert votre plat préféré, la couleur qui correspond à chacune de vos humeurs, vos différents sourires, vos besoins, vos envies et j’en passe. Et même s’il me parait évident qu’un lien très fort nous unis, est-il momentané, permanent, changeant ? Va-t-il se transformer en un lien indéfectible ? ou en une attirance charnelle au parfum d’interdit ? êtes-vous…
- Pardon ? la coupa son interlocutrice tout en rougissant à l’idée qui germait en elle.
- Cela vous choque ? veuillez m’excuser, j’ai été trop loin.
- Non, non, ne t’excuses pas, c’est juste que je n’avais pas perçu les choses sous cet angle-là.
Il y eut un court moment de silence ou la souveraine réfléchit sentant sur elle le regard de son amie.
- Oserais-je te demander.
- Quoi donc ?
- Me trouves-tu séduisante ?
- Evidemment ! répondit Izzy, avec étonnement. Vous êtes une femme magnifique et vous savez mettre vos atouts en avant. Vous n’en rajoutez pas, ce qui fait que tout, dans votre coiffure, votre tenue, vos bijoux, fait naturel. Même votre façon de vous tenir, votre conversation, vos sourires. Qui ne vous trouverait pas séduisante ?
- Et en ce qui te concerne ?
- Je préfèrerais ne pas avoir à répondre.
- Pourquoi ?
- Vous me regarderiez différemment !
- N’as-tu pas parlé tout à l’heure d’apprendre à nous connaitre ? je veux savoir ce que tu penses de moi.
La demoiselle l’a regarda, ses yeux traduisant déjà de la peur que ces mots suscitaient. Comme la reine ne changeait pas d’avis, Izzy se lança.
- Les regards que vous me jetés parfois, au débotté, ceux plus insistants, pénétrants même, comme maintenant, la façon dont vous me prenez la main pour me stopper, ou pour me parler, le parfum que vous portez, votre démarche. Oui, je dois bien l’admettre, par moment, j’ai envie de vous embrasser, de braver l’interdit pour accéder aux promesses cachées. Je sais que je suis la seule à ressentir cela. Et je ne prends pas ce sentiment en compte, cela fait trop peu de temps que nous nous fréquentons. Il est donc fugace, il disparaîtra.
- Est-ce vraiment ce que tu espères ? elle se mordit la lèvre, honteuse.
- Oui. Si ce sentiment grandissait et si, par malheur vous finissiez par y consentir, nous ne pourrions qu’en souffrir. Vous êtes la femme la plus haut placé dans ce pays, avec de très lourdes responsabilités. Vos sujets et votre époux attendent énormément de vous, vous ne pouvez les décevoir. Je n’ai donc aucun droit d’avoir ce genre de sentiment, et je serais m’en débarrasser, n’ayez crainte. Venez maintenant, les gardes nous attendent.
En les rejoignant, le cerveau d’Eléa tourna à plein régime. Comment une ado de 15 ans pouvait raisonner ainsi ? Elle avait déjà pensé à toutes les conséquences qu’un tel sentiment pouvait engendrer. Et qui plus est, elle avait trouvé une solution.
- N’en parlons plus, d’accord ?
- Oui votre majesté !
Le sourire que la demoiselle lui fit lui transperça la poitrine. Si elle semblait soulagée, il fut évident pour la reine qu’un nouveau sentiment naissait en elle. Elle l’écarta de la main, comme si une mouche l’avait agacé. Ils pique-niquèrent, et rentrèrent. A 16 heures les chevaux étaient aux écuries ou les filles prirent le temps de les doucher, de les brosser, de leur curer les pieds et de les rentrer dans leurs box. En dehors de la confession d’Izzy, la journée fut radieuse. Elles mangèrent en compagnie du roi le soir et se couchèrent tôt.
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MessageSujet: Re: Izzy début   Izzy début Icon_minitimeMar 23 Juin - 14:39

CHAPITRE 05

Toute la semaine qui suivit fut une succession de bonheur. Plus les filles se parlaient, plus elles se découvraient de passions communes : les animaux, la littérature, la musique et plus précisément le chant, les gouts culinaires, la pratique de certains sports, mais surtout, un amour prononcé pour les passes d’armes. Un jour qu’elles se rendaient au centre de la ville, elles passèrent devant l’école militaire. Izzy stoppa net et demanda à la reine si elles pouvaient entrer pour regarder. Celle-ci y consentit de bonne grâce, quelque peu surprise de cette requête. Les gardes à l’entrée les laissèrent passer et prévinrent leur colonel. Ce dernier s’empressa de venir les saluer et les questionna sur l’objet de leur visite.
- Je souhaite regarder monsieur, si cela ne vous dérange pas.
- Aucunement jeune fille. Venez mesdames, le cours d’épée des élèves officiers va débuter.
On leur installa deux chaises et elles assistèrent aux premières minutes en silence. Le colonel et deux commandants restèrent derrière elles.
- Je ne connaissais pas cette esquive. Mon maitre ne l’a jamais mentionné.
- Vraiment ? le Comte Dirgo vous a autorisé à avoir un maitre d’armes ?
- Oui Majesté ! il en va de ma sécurité ! Si je reprends l’affaire de mes parents, il faudra bien que je puisse me défendre.
- Te défendre ? tu as prévu de faire les trajets toi-même ?
- Il ne peut en être autrement ! Comment pourrais-je comprendre la difficulté des voyages si je n’en fait pas moi-même quelques-uns ?
La reine ouvrit la bouche pour rétorquer puis la referma. Elle avait compris que rien ne ferait changer son amie d’avis. Puis une idée lui traversa l’esprit.
- Puisque tu as appris le combat à l’épée, pourquoi ne pas nous affronter en combat amical ?
Izzy, le colonel et les commandants fixèrent la reine avec surprise. Puis la jeune fille sourit.
- Pourquoi pas ! Mais je ne vous ferais pas de cadeaux !
- Je n’en attends pas moins de toi !
Leurs regards pétillaient de malice. Elles demandèrent des tenues adaptées. Par chance, dans ce pays, certaines femmes pouvaient entrer dans l’armée, en tant que secrétaires le plus souvent. Mais elles pouvaient, si elles le souhaitaient faire l’école militaire. Il y en avait très peu qui désirait y entrer, et encore moins qui arrivaient à accéder à un poste gradé. Les 2 amies trouvèrent donc des tenues, se changèrent et entrèrent dans une salle que l’on avait spécialement ouverte. La rumeur selon laquelle la reine allait tenir une épée s’était rapidement répandu et beaucoup d’élèves et de gradés s’agglutinaient devant les fenêtres. Elles se mirent en position après avoir demandé au colonel d’arbitrer l’échange. Pour ne pas qu’elles se blessent, on leur avait fourni des épées d’entrainements. Cependant, si les échanges venaient à être un peu violents, les armes laisseraient des marques. Elles se jaugèrent d’abord, attendant que l’une d’elle lance la première attaque et c’est Izzy qui le fit. Ce fut d’abord amical, puis la reine se rendant compte que son amie la ménageait la stoppa en levant la main.
- Quel est l’intérêt de ce duel si tu fais tout pour ne pas me brusquer ? je pensais que cet échange allait m’amuser !
- Et si je venais à vous faire mal ?
- Ai-je l’air d’une poupée en porcelaine ? Allez, un peu plus d’audace bon-sang !
- Comme vous voudrez !
Et elle se jeta sur elle. La force de l’attaque fut telle que la reine tomba sur les fesses. Son amie lui tendit la main pour l’aider à se relever.
- Vous n’êtes pas en porcelaine, je dois l’admettre. Mais en carton peut être ?
Elles rirent puis se remirent en position. C’est la reine qui attaqua à son tour et elle fut surprise de la rapidité de réaction de la jeune fille. Celle-ci esquiva et contre-attaqua aussi sec. Pendant tout leur échange, la suzeraine s’aperçu que son adversaire avait été parfaitement formé et qu’elle n’aurait jamais le dessus, malgré les heures d’entrainement suivis.
- Je déclare forfait. Tu es trop forte !
- J’ai eu un excellent professeur et le Comte m’a également appris quels tours.
- Quelles sont tes limites ?
- Je ne saurais vous le dire. Je ne me suis jamais battu avec quelqu’un d’autre.
- Remédions-y alors ! Vous, venez ici !
Le capitaine qu’elle avait désigné s’avança et s’inclina.
- Accepteriez-vous de nous faire une démonstration avec mon amie ?
- Si c’est là votre souhait !
- Bien ! Qu’on l’équipe ! Quel est votre nom ?
- Je suis le capitaine Marc, pour vous servir.
- Enchanté ! prenez position ! quel genre de combat vous sentez-vous prête à affronter Izzy ?
- Sans pitié ! Ne me juger pas parce que je suis une femme, je saurais encaisser les coups !
Il se tourna malgré lui vers la reine pour être sûr de ce qu’il avait entendu.
- En clair, battez-vous comme si votre vie en dépendait !
S’il se retint quelque peu au début, il comprit vite que son adversaire valait de loin bien d’autres capitaines de son niveau. Il se laissa prendre au jeu et lui donna quelques coups bien sentit. Si elle tituba légèrement, elle ne céda pas. Après une demi-heure de combat acharné, Izzy était épuisée. Pour clore ce combat, il fallait qu’elle use de ruse. Elle attendit qu’il attaque, para, se retrouva derrière lui et lui asséna un coup de pommeau dans le cou. Le militaire s’effondra. Bien que le pommeau fût en cuir et non en métal, le coup avait été suffisamment fort pour le sonner. Elle se laissa tomber sur les fesses et lâcha son épée ! Elle avait gagné ! La reine, debout depuis un moment courut la rejoindre. Izzy avait la tête qui tournait et sa lèvre inférieure lui faisait mal. Quand elle la toucha, et qu’elle regarda ses doigts du sang les tachait. Elle se rappela avoir pris un coup de coude au moment même où elle l’assommait. Il était fort, très fort !
- Izzy, mon amie, est-ce que ça va ?
- Un peu sonnée et en sueur, mais ça va ! et le capitaine ?
- Ils le relèvent.
Elles le regardèrent. Il leur sourit, tout en se frottant la nuque.
- Je dois dire que c’est la première fois qu’une femme me met une telle raclée ! j’ai visiblement encore beaucoup de travail à faire.
- Ne soyez pas si dur envers vous-même. Si le combat avait duré ne serait-ce qu’elle minute de plus, c’est moi qui m’effondrais.
- Je serais plus prudent la prochaine fois !
- J’espère bien !
Ils rirent. La foule se dispersa peu à peu et la reine, son invitée, le capitaine Marc et le colonel purent discuter tranquillement. Ils s’accordèrent sur la beauté du combat et sur les capacités de la jeune fille. Si elle le souhaitait, elle pourrait venir s’entrainer avec le capitaine Marc.
- Si le temps me le permet, avec grand plaisir ! ce fut un honneur Messieurs.
Elles se changèrent, on soigna la lèvre de la jeune combattante et elles rentrèrent, trop fatiguée pour continuer leur ballade en ville. Lors du diner, la reine narra leur après-midi, devant le roi et ses parents. Tous écoutèrent abasourdis, puis applaudir leur invitée.
- Vous devez passer énormément de temps à vous entrainer pour avoir atteint un tel niveau ! souleva le roi.
- Oui votre altesse, au minimum 2 heures par jour.
- Comment une jeune fille qui s’aguerrit de la sorte peut-elle garder autant de grâce, de légèreté et de féminité ? demanda la marâtre.
- Je ne saurais vous le dire.
Izzy rougit devant ce compliment. Le sport intensif n’avait pas déformé son physique, au contraire. Ces seins s’arrondissaient de plus en plus, sa bouche se pulpait, son visage s’affinait, perdant les traits de l’enfance ; tout comme son corps en s’allongeant et en se musclant, perdait ses rondeurs, à l’exception de ses hanches et de ses fesses.

Les jours ou la reine était occupée à ses devoirs, la jeune fille s’occupait : certains jours avec la marâtre, d’autres aux écuries, d’autres encore avec les dames de compagnie de la reine, et même un jour avec le roi. Elle passa plus de temps à répondre à ces questions qu’à en poser, mais elle fut extrêmement contente de cet échange. Puis vint le jour de son départ. Si la reine l’avait déjà repoussé par deux fois, elles ne purent se résoudre à le faire d’avantage. Elles avaient toute deux des obligations et devaient reprendre le cours de leur vie.
- Ecrivez-moi je vous prie ! et ne tardez point à revenir me voir.
- Je m’en ferais un devoir ma reine.
La jeune fille monta dans sa voiture et salua sa nouvelle amie tout le temps ou-elle pu l’apercevoir. Rentrée au domaine de son parrain, elle ne put se reposer. Elle reprit ses leçons et l’entrainement, les soirées mondaines et l’apprentissage de l’administration de ses biens. Lors d’une sortie avec son étalon, ce dernier se dirigea vers une clairière. Quel ne fut pas l’étonnement de la damoiselle quand elle découvrit la jument ! Elle ne dit d’abord rien, descendit de sa monture et l’observa un long moment. L’animal avait à peine relevé la tête, avant de se remettre à brouter. Izzy avança lentement, s’arrêtant quelques instants avant de recommencer. Elle l’avait presque atteint quand la bête releva complètement la tête et partit au trop pour se remettre à manger quelques mètres plus loin. Après plusieurs tentatives infructueuses, la jeune fille promit de revenir. Elle remonta sur Altor et rentra. Elle vint ensuite tous les 2 jours, et au bout de la troisième fois, la jument se laissa toucher. Il fallut encore plusieurs jours pour pouvoir lui passer une corde au cou et la ramener dans un enclos. Altor était avec elle et elle ne fit pas trop de difficultés. Izzy courut trouver son parrain !
- Comte, auriez-vous quelques instants à m’accorder ? je souhaiterais vous montrer quelque chose !
- Donnes-moi 5 minutes, que je finisse de remplir ce document et j’arrive.
Pendant qu’il accomplissait sa tâche, il remarqua que sa protégée trépignait d’impatience. Puis il se leva et la suivit, curieux. Un peu avant d’arriver à l’enclos, il vit la jument et fronça les sourcils.
- Je vous présente la nouvelle amie d’Altor, et aussi la mienne ! il s’agit de la jument dont je me suis occupée quand j’ai séjourné chez les Nordel ! Je n’ai pas la moindre idée de comment elle a pu arriver jusqu’ici !
- Dans mon enclos tu veux dire ?
- Ah ah ah ! non, ça, je le sais ! c’est moi qui ai ouvert la porte. Je pense qu’elle appartenait à quelqu’un, je n’ai pas eu trop de mal à l’approcher. Pourrions-nous la garder ?
- Il y a un temps de recherche à avoir d’abord. Je vais contacter les Nordel pour voir s’il pourrait retrouver le propriétaire initial. Nous déciderons ensuite de ce que nous ferons ! en attendant, je vais demander au dresseur de s’en occuper ! mais je dois dire que de prime abord, c’est une très belle bête. Elle pourrait faire de très bons poulains et une excellente monture. Restes là, je vais le chercher pour qu’il nous donne son avis.
- Entendu !
Les deux hommes revinrent vite, firent le tour de l’enclos pour voir l’animal sous plusieurs angles.
- Je vais m’employer à la débourrer et au travail monté et à pied! nous verrons bien ce qu’elle a dans le ventre. Mes félicitations Izzy, les soins que tu as donné à ses pates sont excellents, elle semble complétement guérit. Un vétérinaire passera quand même contrôler. Tu serais d’accord pour entrer avec moi dans l’enclos pour me la présenter ?
- Oh oui, avec plaisir !
Il la suivit pendant qu’elle s’approchait tout près de sa nouvelle amie en lui parlant doucement. Quand elle fut à ces côtés, elle lui caressa l’encolure. Le dresseur se rapprocha à son tour, lentement. Il fallut plusieurs tentatives avant qu’il puisse enfin la caresser aussi.
- Maintenant qu’elle me connait aussi, ce sera plus facile de travailler sans ta présence !
- Oui ! je vais vous laisser alors, prenez soin d’elle, je l’aime déjà beaucoup.
- N’ai aucune inquiétude, je vais la bichonner !
- Merci ! allez ma belle, je repasserais te voir très vite. Altor va rester avec toi (ses yeux se posèrent sur le jeune homme qui le lui accorda d’un mouvement de la tête). Je t’aime ma belle.
La jeune fille et son tuteur regagnèrent le château. Le comte écrivit une missive aux Nordel pour qu’ils se renseignent quand à un possible maitre de la superbe jument.
Une semaine s’écoula avant qu’ils n’aient des nouvelles : elle appartenait à un riche seigneur qui habitait non loin des Nordel. Il demanda à venir la voir, ce que le comte autorisa. Izzy fut quelque peu attristée par la nouvelle, imaginant déjà son amie lui être enlevé. Le palefrenier avait fait énormément de progrès avec elle et la demoiselle passait tous les jours la voir pour la brosser et la câliner. Le vétérinaire l’avait trouvé en parfaite santé mais avait découvert de vieilles cicatrices, probablement dues à des coups de cravaches durs et répétés. Quand l’homme riche se présenta, Izzy le trouva très froid. Son sentiment semblait partagé par le comte et les personnes qu’ils croisèrent en se dirigeant vers le pré. La jument, qui broutait, leva la tête en entendant les voix. Elle s’approchait et stoppa net quand son maitre l’appela. Elle secoua l’encolure, nerveusement et scruta les arrivants.
- Je souhaiterais entrer, la chercher !
- Mais je vous en prie.
Le comte ouvrit lui-même la barrière. Et alors que son invité entrait, il sentit une main agripper son bras. Il tourna la tête et vit le visage anxieux de sa protégée. Il lui tapota la main et lui sourit pour la rassurer. Ils regardèrent vers l’animal et le virent reculer dès que son maitre avançait. Quand ce dernier sortit une cravache de sa veste, la jument se cabra et partit au galop à l’autre bout du petit pré. La main de la demoiselle serra d’avantage le bras, à lui en faire mal.
- Qu’on me rapporte ma jument ici ! je vais la ramener et la corriger !
- NON ! le cri avait échappé à Izzy.
Le regard noir que lui administra l’homme la glaça. Mais elle ne céda pas et son air se durcit aussi.
- Combien en demanderiez-vous ? je l’ai sauvé et m’y suis attaché. J’aimerais la garder.
Le comte, une fois la surprise passée, comptait la reprendre, mais devant son air déterminé et la pression de sa main toujours sur son bras lui firent garder le silence.
- Comment osez-vous ? j’ai fait énormément de chemin pour la récupérer, il est hors de question que je vous la laisse !
- Je viens de vous proposer de vous l’acheter ! il est évident qu’elle a peur de vous ! elle ne pourra pas vous servir comme il faut. Donnez-moi votre prix !
- Comte, comment pouvez-vous laisser votre fille me parler sur ce ton !
- Ma filleule a raison mon cher, cet animal ne vous servira pas, il vous fui. Pourquoi ne pas réfléchir à sa proposition ? je couvrirais vos frais de déplacement.
- C’est entendu.
- Allons dans mon bureau, nous pourrons remplir les papiers de vente et vous payer.
- Je vous y rejoins mon oncle, je vais chercher l’argent dans ma chambre.
- Bien !
Il tapota sa tête et lui sourit. L’affaire fut conclue et le visiteur repartit rapidement. Il avait à peine franchit la grille à bord de sa voiture à chevaux que la tension redescendit dans tout le château.
- Merci !
- Je t’en prie.
- Je ne pouvais pas me résoudre à le laisser l’emmener. Il semble tellement méchant !
- C’est aussi l’avis qu’il m’ait donné. Ton investissement doit maintenant être rentable. Je dirais au palefrenier de mettre Altor avec … comment comptes-tu la prénommer ?
- Bruine !
- Bruine ? quel drôle de nom pour une jument. Pourquoi ce nom ?
- Elle parait flotter dans l’air quand elle galope, un peu comme les fines gouttes de pluie !
- C’est très poétique.
- Merci !
- Il faudra donc mettre Altor et Bruine dans le même pré, pour la saillie cet été. Nous verrons si les poulains seront beaux et forts.
- En attendant, j’aimerais beaucoup la monter.
- J’ai bien peur que tu n’aies guère le temps de t’en occuper. Je le ferais, si tu veux bien.
Elle acquiesça et, après qu’ils eurent mangé et parlé de l’été qui approchait, elle se coucha, rêvant de longues balades sur le dos d’Altor et Bruine.
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